Les crises en trompe l’œil de l’Algérie française des années 1890

Article d'ouvrage collectif dirigé par A. Bouchène, J.-P. Peyroulou, O. Siari Tengour et S. Thénault, Histoire de l’Algérie à la période coloniale, Paris/Alger, La Découverte/BarzakhSeveral crises affected Algeria during the 1890’s. At least, they had been felt like this by French citizens’ minority. At issue were economic stagnation, insecurity among native majority, “Jewish” or “Foreign peril”, even a risk of “European separatism” if authorities didn’t care enough of the situation. In fact, discursive and media overstatements leaned on a strong competition for the conquest of local power caused by the electorate narrowness, the bossism’s weakening after a period of repression of the most visible abuses, and also racist violence to win the votes. Then, the “republican defense” policy in France had an Algerian component which involved no to crack down anymore on local abuses but to guarantee more generous budgetary deliveries to elected representatives on condition that they stopped anti-Semitic troubles and declared their support to the government. Recriminations disappeared in this way at the beginning of the 1900’s.Plusieurs crises frappèrent l’Algérie dans les années 1890. Elles furent du moins ressenties comme telles par la minorité des citoyens français. Il était tantôt question de marasme économique, d’insécurité au milieu de la majorité autochtone, de « péril juif » ou « étranger », et même d’un risque de « séparatisme européen » si les autorités n’y prenaient garde. La surenchère discursive et médiatique s’appuyait en réalité sur une vive compétition pour la conquête du pouvoir local, alimentée par l’étroitesse du corps électoral, la fragilisation des clientèles en place à la suite d’une politique de répression des abus les plus visibles, et le recours à la violence raciste pour l’emporter aux élections. La politique de « défense républicaine » en France comprit dès lors un volet algérien consistant à ne plus réprimer les abus locaux et à garantir de nouvelles largesses budgétaires aux élus à condition qu’ils cessent les violences antisémites et proclament haut et fort leur attachement au régime. Les récriminations disparurent alors au début des années 1900