Interactions entre policiers et population :expériences policières d’antisocialités dans l’espace public

Cette communication, issue de notre thèse de doctorat, propose une lecture compréhensive de l’expérience policière des interactions avec la population. Notre analyse se fonde sur un matériau récolté en recourant aux techniques d’observation in situ et d’entretiens informels. Les policiers dont nous avons observé les pratiques professionnelles appartiennent à deux groupes a priori différents dans la police locale en région bruxelloise :d’une part, les policiers patrouilleurs dont le référentiel professionnel s’inscrit dans le modèle de police traditionnel, et d’autre part, les inspecteurs de quartier dont le référentiel doit s’inspirer du modèle de police de proximité. D’initiative ou de façon fortuite, sous tension ou dans une apparente sérénité, les interactions qui nous intéressent surviennent dans l’espace public. Quand les policiers et la population se rencontrent, ils sont amenés à coordonner leurs activités. Les conditions qui entourent ces rencontres subissent les effets de l’accessibilité et de la visibilité de ces acteurs en situation de coprésence. En effet, familiers du contact direct avec la population, les policiers ne sont pas moins soumis aux contraintes des regards qui se posent sur eux ou qui se détournent à leur passage; aux sollicitations des personnes qui attendent leur venue ou à la nécessité d’attraper ceux qui tentent de se soustraire à leur action.À l’occasion de ce colloque, nous proposons de visiter la notion d’antisocialité à travers les « attentes déçues » des policiers se manifestant quand ils subissent, en quelque sorte, le contact avec la population, c'est-à-dire quand ces professionnels sont privés d’une reconnaissance à la hauteur de leurs perceptions du métier policier.