Politique de l’éolien, éolien politique

International audienceLe débat sur le développement éolien a longtemps été centré sur la comparaison des différents instruments de politique énergétique (tarifs, permis négociables, appel d'offres ...). Il a ce faisant négligé les processus institutionnels, tels que les autorisations administratives ou la planification territoriale, mais aussi et surtout sociaux et spatiaux qui participent de ce développement mais dont le rôle reste imparfaitement compris.Ces processus ont souvent été assimilés à des procédures administratives, de manière indistincte, et présentés comme des barrières au développement éolien comme si le « potentiel éolien », au sens du potentiel de développement et de production de cette technologie, préexistait à ces processus. En d’autres termes, l’enjeu et l’analyse du développement éolien est trop souvent instruit selon une dichotomie qui oppose un potentiel technologique qui serait donné à un social agissant comme barrière à sa réalisation. Les termes d’acceptation ou d’acceptabilité sociale sont emblématique d’une telle approche. Leur principale limite est de poser le potentiel technologique aussi bien que le « social » comme des existences stables et données. L’argument qui traverse cette présentation est que la technologie est un entrelacs d’éléments hétérogènes, indistinctement technique et social. C’est l’assemblage de cet entrelacs qui préside à l’émergence d’un potentiel, que nous appellerons potentiel de transition. Ce travail peut échouer, car cet assemblage procède par résolutions d’enjeu. L’objet technique pour exister, compose une nouvelle réalité relationnelle autour de lui. Il suscite dans cette tentative des recompositions sociales insoupçonnées, pour le meilleur comme pour le pire. On peut parler d’une approche relationnelle de l’objet technique au sens où la chose (la ressource, la technologie, son potentiel, le paysage) n’est pas donnée par avance mais trouve son existence en tant que réalité et ensemble de relations. Ma présentation comprend deux temps. Je suis les recompositions sociales dans un village de Seine-et-Marne, autour d’un projet éolien contesté et conflictuel, qui peine à acquérir une dimension collective. Dans un second temps, je tente de dégager les paysages qui sont en jeu dans ce processus - plus précisément, les communs paysagers, terme que je préciserai plus loin – et le rôle de la politique éolienne dans les devenirs opposés de l’éolien et de ces communs dans le cas étudié.