D'un terrain l'autre. Réflexions sur l'observation participante

Mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur.<br />Article libre de droits. Maquette réalisée par Eliane Daphy, remise à l'éditeur. Fonds d'archives numériques Eliane Daphy.Observation participante : si le syntagme n'est pas dépourvu d'une certaine lourdeur, la chose, c'est sûr, est prestigieuse. Elle sous-entend la supériorité de celui qui l'a pratiquée sur l'ethnographe trop pressé ou pusil-lanime, ou sur le sociologue qui ne sait procéder que par questionnaires, au mieux par entretiens. Qu'elle soit régulièrement évoquée dans les manuels ou dans l'introduction de multiples monographies n'empêche pas que son contenu soit assez rarement précisé, si bien que la référence a un je ne sais quoi de rituel, peut-être même d'un peu désuet. Cela explique sans doute que ceux qui l'ont le mieux pratiquée ne sont pas toujours ceux qui éprou-vent le besoin d'en parler le plus : l'expression, je crois bien, ne figure nulle part dans Nous avons mangé la forêt et une seule allusion, d'ailleurs critique, y est faite dans Les mots, la mort, les sorts... C'est souvent à travers les lignes que le lecteur doit deviner quelle signification précise l'auteur accorde à la notion : tantôt participation effective à telle ou telle activité ponctuelle – cette participation obéissant elle-même à bien des degrés, selon qu'il s'agit, par exemple, d'un acte technique ou d'un rituel religieux – ; tantôt immersion prolongée au sein d'un groupe. L'intégra-tion complète est présentée comme sa forme ultime, toujours évoquée pour mieux être dénoncée comme une illusion dangereuse