Jean-Philippe Rameau, Les Boréades ou la tragédie oubliée

En dépit de ses qualités exceptionnelles, la tragédie des Boréades fut oubliée pendant deux cent dix-neuf ans. Cabale ou fatalité ?<br /> La reconstitution du contexte historique et politique permet d'expliquer l'échec "social" des Boréades à travers les enjeux esthétiques de la "Querelle des Bouffons" ; pourtant elle ne le justifie pas. D'autres facteurs pourraient en être responsables...<br /> La mise en cause de l'absolutisme, la dénonciation de l'abus de pouvoir, les licences aux bienséances traditionnellement admises seraient-ils autant d'interdits développés par le librettiste que les lecteurs royaux auraient jugé prudent de censurer ? Et si Rameau n'incarnait pas le compositeur hermétique au livret que certains ont voulu voir en lui ? <br /> Plus que dans aucune autre œuvre, Rameau élabore une grande forme cohérente habitée de personnages fortement caractérisés musicalement et articulée par des tensions régies par les lois d'une dramaturgie musicale la plus accomplie. Et si Rameau avait ouvert la voie au drame lyrique tel que le traiteront Wagner, Debussy et Verdi dans ses dernières œuvres?<br /> Et si la tragédie des Boréades était un chef d'œuvre annociateur de l'esthétique lyrique post-romantique, immergé dans le flot malsain d'une période culturelle déchirée entre la musique savante de son histoire et la musique populaire de sa Révolution future