Réduire les villes en cartes. L'invention d'un regard non figuratif dans l'Europe moderne

Myriame Morel-Deledalle (éd.)Les plans de villes ont de longue date attiré antiquaires et historiens. Depuis le milieu du XIXe siècle, au moins, un très grand nombre de tentatives ont été faites pour reconstituer la dynamique des formes urbaines de nombreuses villes européennes en utilisant les plans anciens qui les ont cartographiées, depuis le XVe ou le XVIe siècle. Si ces premiers plans avaient bien eu comme objectif de représenter des villes dans leur ensemble, les conventions sur lesquels ils reposent sont loin d'avoir constituées un ensemble homogène et stable. Plus que des documents sur les états successifs des villes anciennes, ces plans témoignent, à leur façon, de l'invention longue et complexe de la ville. D'une réalité globale, plus ou moins indistincte, écrin d'une monumentalité qui lui confère une historicité immédiatement visible, la ville, perçue à travers l'agencement géométrique de formes et d'éléments divers, devient une réalité analysable et manipulable. C'est l'émergence de ce « regard » que ces quelques pages voudraient essayer d'éclairer