Qu'est-ce qui fonde l'aménité du jardin ?

Dans la civilisation occidentale, l'association entre jardin et bonheur traverse l'histoire et apparaît archétypale, inscrite dans le mythe édénique et ses équivalents païens, et classiquement traduite par l'imaginaire du 'locus amœnus', qui fait du jardin du paysage idéal. C'est par sa dimension sensorielle que le jardin procure concrètement du bien-être, comme le montre l'exemple des réalisations italiennes de la Renaissance, conçues pour le délassement de l'âme et du corps. Comment concevoir aujourd'hui l'aménité du jardin en dépassant les apories du fonctionnalisme ? La réflexion s'appuiera sur l'opposition entre consommation et contemplation et sur la dialectique du beau et de l'utile, telle que les mobilise le philosophe Rosario Assunto lorsqu'il s'interroge sur l'être et sur la finalité du jardin, ainsi que sur la notion d'hétérotopie forgée par Michel Foucault. En prenant en considération un certain nombre de réalisations contemporaines, il s'agira de suggérer que l'aménité du jardin, son charme fait de douceur et de courtoisie, tient à son altérité paradoxale