Femmes et citoyenneté révolutionnaire

Ce texte est un article qui devait être publié dans la réédition, revue et augmentée, du Dictionnaire de la Révolution française, de Soboul. Celui-ci, 5 ans après, étant toujours en attente de réédition, j'ai choisi de déposer le texte sur hal.Jamais, de toute la période révolutionnaire, les femmes n'obtiennent le droit qui a priori fonde et conditionne la citoyenneté, celui de voter. Notre énoncé lui-même — Femmes ET citoyenneté — nous écartèle d'emblée entre deux registres contradictoires, celui de la nature féminine et celui de la cité des hommes, de part et d'autre de l'ultime frontière que les Révolutionnaires jugent digne de respecter parce qu'elle est la seule qui soit « naturelle » : celle de la différence entre les sexes. Tout semble simple à qui ne considère la citoyenneté que du point de vue des droits, et en particulier du droit de suffrage : Dehors et Dedans s'en trouvent clairement marqués, au point de rendre incongrue toute question sur une situation bien établie, pour ceux du Dedans comme pour celles du Dehors. Pourtant, se dresse immédiatement, devant l'historien confronté aux récits des journées qui ont fait la Révolution, la troublante et persévérante présence des femmes sur la scène politique. Présence dans la rue, présence dans les esprits, présence dans les lois enfin, chacune touche au plus près la citoyenneté révolutionnaire, jusqu'à brouiller la frontière si nette entre une sphère politique des « qui vote » et un espace naturel des « qui ne vote pas »