Le traitement des problèmes sociaux par la culture à l'épreuve de la politique. Stratégies municipales et politiques d'image

La ville est au coeur de l'action publique parce qu'elle est devenue le théâtre des problèmes sociaux ; mais la ville est aussi un espace dans lequel s'inventent de nouvelles formes d'expression artistiques. Le traitement des problèmes sociaux est donc désormais souvent à l'arrière-plan des relations entre culture et ville pour l'action publique. Ainsi, les pouvoirs publics soutiennent les arts en émergence fortement liés à des groupes sociaux dominés, dont la culture hip-hop, massivement investie par les jeunes des quartiers périphériques, est un bon exemple. Il s'agit d'étudier les stratégies mises en place par trois types de municipalités dans deux grandes métropoles françaises : une ville-centre, Bordeaux, dont le budget a longtemps fait la part belle à la culture ; les communes de la rive droite de l'agglomération bordelaise, qui représentent une banlieue stigmatisée ; une grande ville sans véritable banlieue et qui traîne de longue date une réputation défavorable : Marseille. Dans les années 1990, toutes ces municipalités se lancent dans une politique de reconnaissance de la culture hip-hop destinée à traiter les problèmes sociaux urbains, mais avec des stratégies très différentes. Or, la couleur politique des municipalités apparaît comme un élément secondaire : les politiques de traitement des problèmes sociaux urbains par la culture dépendent surtout de la capacité des maires à inscrire ces politiques dans l'ensemble du projet politique municipal, notamment dans la politique culturelle et la politique d'image. Si la politique de la ville est une excellente occasion pour les élus de se mettre en scène et de montrer qu'ils agissent, elle l'est d'autant plus lorsqu'ils parviennent à lui donner un sens qui a un écho chez l'ensemble des habitants. Sous cette condition, les maires parviennent à gérer un problème tout en donnant l'impression d'agir pour toute la collectivité