Un métissage républicain : Paradoxes de l'animation socioculturelle contemporaine en France

Si les politiques sociales en France ont longtemps mis de côté la culture des individus qui en sont les bénéficiaires, il n'en est pas de même pour l'animation socioculturelle, bien au contraire. Dans cette branche bien spécifique du travail social, les évolutions qui accompagnent l'institutionnalisation progressive de la politique de la ville depuis le début des années 1980 ont conduit à prendre en compte très largement la diversité des cultures des publics concernés. Pour autant, ces cultures sont complètement retravaillées par les professionnels de l'action sociale de manière à promouvoir un " métissage républicain " : au nom de la lutte contre le communautarisme, les cultures doivent se mélanger, voire se fondre dans la culture française.<br />Cette idée peut être illustrée à partir des projets menés autour de la culture hip-hop en direction des jeunes des quartiers périphériques. Au moins autant que le marché, l'action publique a joué un rôle essentiel dans le développement de cette culture en France, qui est la deuxième " patrie " du hip-hop après les Etats-Unis ; le travail social et l'animation socioculturelle ont fortement misé sur cette culture pourvoyeuse de modèles de réussite auxquels peuvent facilement s'identifier les adolescents d'origine étrangère. Néanmoins, contre les dérives dont est également porteuse cette culture, les professionnels de l'action sociale ont défendu un hip-hop citoyen, associé aux valeurs de mixité sociale et culturell