Darwin et les continuismes de ses prédécesseurs

Les Cahiers de l'ED 139 [en ligne], disponible sur : http://www.cahiers-ed.org/ftp/cahiers10/C10_Charbonnat.pdf.Dans le Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, Patrick Tort opère une distinction<br />entre le « continuisme » propre à tout transformisme biologique, dont font partie les théories<br />de Lamarck et de Darwin, et le « gradualisme » que l'on retrouve dans les différentes versions<br />de la chaîne des êtres chez les naturalistes du XVIIIe siècle. La continuité transformiste serait<br />d'ordre généalogique, avec la thèse de l'apparition d'une variété à partir d'une autre<br />antérieure, tandis que le gradualisme fixiste de la vieille histoire naturelle se situerait dans<br />l'espace d'une échelle, ignorante de la marche du temps et des transformations progressives<br />des individus. Cette séparation stricte a le mérite de souligner ce qui distingue Darwin de ses<br />prédécesseurs, mais tend aussi à passer sous silence ce qui le relie également à eux, dans la<br />mesure où sa théorie n'est pas une variété absolument nouvelle par rapport à l'ancienne<br />histoire naturelle, et qu'elle n'est pas apparue sans rien devoir à ceux qui l'ont devancée. S'il<br />est juste de considérer que, par sa nouveauté, la théorie de Darwin heurte le fixisme<br />traditionnel des naturalistes, il ne faut pas sous-estimer le fait qu'elle partage nécessairement<br />quelque caractère commun avec une partie d'entre eux