Les cinémas de Paris, 1945-1995

avec V. Champion et C. TerreauxParis, berceau et capitale du cinéma, fête le centenaire de la première projection des géniaux Frères Lumière. C'est à Paris, en effet, qu'il y a cent ans, cette extraordinaire invention faisait ses premiers pas. Cent années au cours desquelles se seront tissés, entre Paris et le septième art, des liens étroits. Ainsi, l'histoire du cinéma à Paris va-t-elle devenir celle d'un échange passionné. La Ville-Lumière, son histoire, ses paysages, son atmosphère, sa littérature aussi, n'en finiront pas de séduire et d'inspirer les cinéastes du monde entier, leur offrant les plus somptueux décors de plein air. Enfin, l'engouement de toujours des Parisiens pour le cinéma va modeler profondément le visage de la Capitale et la vie de ses habitants. C'est au lendemain surtout de l'Occupation, après qu'il eut vécu ces quatre sombres années replié sur lui-même - livrant néanmoins à son public nombreux, naturellement assoiffé de divertissements, quelques-uns de ses plus grands chefs-d'oeuvre -, que le cinéma explose dans la Capitale. Sous la pression des modèles américain et italien, la fréquentation des salles obscures connaît, entre 1950 et 1960, dix années d'euphorie. Un mouvement qu'encourage bientôt cette " Nouvelle Vague ", portée par le progrès technique, et qui insuffle depuis Paris un sang neuf à toute la production internationale. Au long de cette décennie miraculeuse, pas moins de 350 salles - salles d'exclusivités et salles de quartiers - vont éclore dans Paris et sa périphérie. Pourtant, au tournant des années 70, télévision oblige, le nombre des entrées s'infléchit. Des cinémas ferment. D'autres salles se fractionnent pour diversifier leurs programmes et accueillir plus d'écrans mais plus petits. La géographie parisienne du septième art évolue et se spécialise. Quelques grands pôles - les Champs-Elysées, les Grands Boulevards, les Boulevards extérieurs, la place Clichy, Montparnasse, Saint-Germain, la Bastille, les Halles - regroupent désormais l'essentiel des salles parisiennes, tandis que certains arrondissements perdent peu à peu la quasi-totalité de leurs cinémas. C'est aussi l'époque où, au Quartier Latin notamment, apparaissent les ciné-clubs et les salles d'art et d'essai, lieux de rencontre des cinéphiles, amateurs de grands classiques, et de découverte de jeunes créateurs en marge des grands circuits de production. Depuis quelques années, pour répondre à la concurrence acérée du petit écran et faire revenir les Parisiens dans les salles obscures, le cinéma joue la carte du confort et du prestige. Les grands complexes cinématographiques se multiplient dans la Capitale. Le film y redevient spectacle total, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Enfin, sous l'impulsion de quelques passionnés, les salles de quartier renaissent, modernisées, restituant à Paris un peu de son âme et de sa convivialité. C'est ce demi-siècle de vie commune, ce face-à-face amoureux que nous raconte ce passionnant et très émouvant ouvrage, plein de charme et d'une infinie poésie, pétri aussi d'érudition et de mille anecdotes, et les merveilleuses photos qui l'accompagnent, invitation à une promenade nostalgique dans le Paris des cinquante années écoulées