Du désir de procréation à la décision d'adopter

International audienceL'AMP (Aide Médicale à la Procréation) et l'adoption sont deux étapes successives et non alternatives d'un processus d'accession à la parentalité. Quand l'AMP échoue, alors seulement, les candidats se tournent vers l'adoption (exception faite des femmes seules ou des couples homosexuels qui préfèrent d'emblée avoir recours à l'adoption plutôt qu'à un géniteur ponctuel ou à une IAD - insémination artificielle avec donneur). Cependant la prise de décision d'adoption peut intervenir plus ou moins rapidement en fonction de la biographie des candidats. Pour certains, l'adoption apparaît comme une évidence alors que pour d'autres elle est un dernier recours pour accéder à la parentalité. Au sein des couples, les femmes sont en général plus rapidement prêtes à passer à l'adoption et une négociation est souvent nécessaire dans la prise de décision. Cependant, les institutions en charge de l'adoption mettent en place les normes d'une « bonne parentalité » auxquelles les adoptants doivent correspondre pour pouvoir effectivement adopter. Parmi elles, le « deuil de l'enfant biologique » est un impératif illusoire et ici largement remis en question. Enfin, l'article montre en quoi le passage du processus d'AMP à celui de l'adoption correspond une sortie de l'intime vers le collectif, l'adoption étant une démarche que le couple partage avec son entourage. L'adoption, comme d'autres pratiques contemporaines dans le domaine de la parenté, en dissociant procréation et filiation, contribue à déplacer les frontières sociales entre le proche et le lointain