La transgression des genres dans les poèmes en prose de Georg Trakl

Wallstein GöttingenLes trois textes en prose figurant dans le recueil de poésies de Trakl, Sebastian im Traum, (1915) mêlent de façon caractéristique le fictionnel et l'autobiographique, le poétique et le narratif de sorte que par contamination réciproque ces différentes dimensions empêchent toute fixation générique non ambiguë du texte. À l'instar de sa poésie versifiée, les poèmes en prose de Trakl convoquent non seulement différents genres pour mieux les transgresser, mais absorbent aussi tous les types de voix: la première personne de l'autobiographie et de l'épanchement lyrique, la deuxième personne du monologue intérieur et du dédoublement narcissique et/ou schizophrène, la troisième personne du récit épique ou de la biographie fantasmée ainsi que la première personne du pluriel de la réflexion sur le devenir humain. De par l'espace dont ils disposent, les poèmes en prose de Trakl semblent cependant porter ce brouillage des codes à un degré d'intensité plus grand encore que les poèmes versifiés. Ils témoignent par là de cette indétermination constitutive de la poésie moderne au tournant du XXe siècle