Clytemnestre : ménade ou Amazone?

Les ménades et les Amazones, dans la peinture de vases du Ve s. av. J.-C., sont bien souvent utilisées pour illustrer la violence féminine. Celles-ci incarnent, dans l'imaginaire masculin grec, la part sauvage, menaçante et incontrôlable des femmes. Clytemnestre appartient à ce même monde de violence, déjà par le simple fait qu'elle soit armée, mais rien au premier abord, ne la rapproche des ménades ou des Amazones. Le caractère violent et non conventionnel de Clytemnestre est déjà exprimé dans la littérature. Homère utilise un vocabulaire spécifique qui laisse peu de doutes quant à sa personnalité : le qualificatif dolomètis , notamment, sous-entend une mauvaise ruse; et encore ouloménè doit s'entendre comme « destructeur » ou « terrible ». Pindare, dans sa XIe Pythique la qualifie de « femme impitoyable » (nèlès guna) . Les termes sont clairs, la personnalité littéraire de l'héroïne bien établie. L'art archaïque du VIIe s. av. J.-C. s'inscrit dans cette mouvance, et fait trôner Clytemnestre au premier plan de l'action dans la mort d'Agamemnon. Et de cette époque date aussi la première représentation d'une Clytemnestre armée d'une hache. Cet attribut lui est spécifique dans toute la céramique à figures rouges du Ve au IVe s. av. J.-C. Or cette hache, ainsi que la posture résolument agressive de Clytemnestre, montrent certaines similitudes avec les Amazones. Le message transmis s'avère alors le même : Clytemnestre tout comme les Amazones illustrent un comportement qui s'inscrit en faux par rapport à leur condition de femme qui théoriquement les écartent des armes. En s'armant contre son époux puis contre son fils, Clytemnestre se place volontairement en marge des normes établies. Ainsi, de la même façon que les Amazones elle incarne la femme à la fois familière (par son vêtement) et étrangère (par son comportement). D'autre part, certaines représentations (plus rares) donnent à Clytemnestre des allures de ménade. L'associée à un comportement irrationnel permet, d'une certaine manière, de justifier la monstruosité de son acte en lui enlevant une part de responsabilit