La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski : attention, labyrinthe.

Le roman La Maison des feuilles de Danielewski (publié en 2000 aux Etats-Unis, et en 2002 dans sa traduction française aux éditions Denoël) se présente comme un livre-objet, dont les 700 pages grand format engloutissent très vite le lecteur dans un labyrinthe textuel et formel particulièrement dense et frappant. Cette surabondance d'effets typographiques et de mise en page - ratures, sens multiples de l'impression sur la page, ruptures de rythme et place laissée au vide- concourent au même type d'effet : rompre avec l'unidimensionnalité du texte imprimé, et introduire dans l'écriture la troisième dimension propre à tout projet architectural. Si Proust a déclaré avoir voulu construire La Recherche comme une cathédrale, Danielewski semble avoir tenté de bâtir un texte déterminé entièrement par la structure du labyrinthe, au point d'étendre la forme du dédale à l'écriture elle-même. En enchevêtrant systèmes d'emboîtement, intertextualité, métatextualité, mises en forme multidimensionnelles de la page, le roman parvient alors à établir une coïncidence entre sens et forme, et à placer directement le lecteur dans un « labyrinthe de lettres » qui se présente comme un véritable dispositif architectonique, mouvant, déroutant, et potentiellement infini