Représentations du travail et téléréalité : Analyse du programme de divertissement télévisuel « Vis ma vie, mon patron à ma place »

Partant de l'étude plus générale des représentations sociales du travail et de l'entreprise, notre propos est ici d'interroger la façon dont des émissions de divertissement grand public abordent et rendent compte du monde du travail. En effet, le travail étant peu présent à la télévision (Leblanc,1983 ; Heller, 1998... ), il nous a semblé intéressant de voir, lorsqu'il l'est, ce qui en est montré et ce qui est passé sous silence. Quel monde cela dépeint-il ? De quelles activités professionnelles s'agit-il ? Que dire des personnages et de leurs agissements ? En quoi cela fait-il écho aux situations rencontrées dans la vie active et décrites par les sociologues et les anthropologues ? De quelles façons le travail peut-il être envisagé comme source de divertissement ? Autant de questions que nous allons aborder au cours d'une analyse des émissions de téléréalité « Vis ma vie – mon patron à ma place ». Ce travail fait suite à une analyse préalable de deux séries humoristiques télévisuelles que sont Caméra café et Le Bureau . Nous avions pu noter que ces deux séries ne donnaient pas à voir le travail dans ses dimensions gestuelles et subjectives. Ce qui était restitué du travail l'était sous son aspect relationnel au travers notamment - et quasi exclusivement - des rapports de force qu'ils soient hiérarchiques ou de genre. Ce n'est pas le cas des Vis ma vie – mon patron à ma place qui présentent non seulement une assez large gamme d'images de façons de faire, tout comme de paroles « sur le vif » de ressentis des protagonistes, sans toutefois omettre la dimension relationnelle (ici très significativement hiérarchique) inhérente au contexte d'entreprise. Si Caméra café et Le Bureau excluaient toute dimension de collectif et de coopération, Vis ma vie les intègre à ce que la série met en scène. Il est vrai qu'une opération de management est au cœur de l'émission : l'organisation, inspirée de pratiques managériales anglo-saxonnes, du reversal day (ou job rotation) où collègues, patrons et subordonnés peuvent échanger leurs places et postes ; le but de l'opération étant la sensibilisation au « réel » du travail d'autrui (postulats que nous investiguerons...) et l'expression (dans le cas d'un reversal day descendant) de la proximité hiérarchique. Qu'en est-il au juste dans l'émission de téléréalité, porteuse d'objectifs de communication interne comme externe pour le « patron » impliqué mais devant répondre aussi aux exigences du divertissement ? Qu'est-ce qui fait divertissement dans le dispositif présenté ? Quelles sont par conséquent les fonctions des images présentées ? Nous proposons que notre communication puisse s'inscrire dans l'axe V du colloque, dédié aux enjeux éthiques, esthétiques, épistémologiques des images présentées