La bataille pour Hanoi (1945-46). Prolégomènes de la guerre civile vietnamienne.

Entre mars 1945 et juillet 1946, Hanoi fut l'enjeu d'une âpre lutte politique entre divers mouvements et partis soucieux d'affirmer leur magistrature sur la ville. La conquête de cet espace crucial culmina avec la révolution d'août, déclenchée à la suite de la capitulation japonaise, et se prolongea de l'automne 1945 à l'été 1946. Le Viêt-Minh, ordonnateur captif de la révolution indépendantiste, dut faire face à de multiples concurrents bien décidés à conserver ou à reprendre leur place sur l'échiquier national. Pendant quelques mois, Hanoi devint la capitale politique du Viêt-Nam indépendant toutes tendances politiques confondues et donna une impulsion nationale sur l'ensemble du territoire. La constitution de 1946 illustre à elle seule cette une étape clé de la possibilité d'un Viêt-Nam libre, indépendant et unifié. Les propos unificateurs furent confrontés à une réalité crue marquée par la déchirure et la violence politique. Hanoi devint le théâtre d'une guerre psychologique finement remportée par le Viêt-Minh contre les opposants. Cette victoire fut néanmoins lourde de conséquences. La lutte déterminante pour l'avenir d'un Viêt-Nam unifié déboucha finalement sur la guerre lors de la reprise de Hanoi par le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient (CEFEO) en décembre 1946. Plus grave, elle engendra une guerre civile impitoyable et la confrontation de deux Etats pendant vingt ans (1955-1975) dans une nation divisée. En outre, cette période cruciale façonna l'imaginaire politique du Viêt-Nam contemporain