L'enquêteur, le surveillant et le détenu. Noms déverbaux de participants à l'événement.

This paper addresses the formation of French deverbal nominals denoting participants in the event(uality) (agent, patient, holder, etc.). We first show that -eur nominals - so-called " agent " nominals - fall into three categories: episodic, dispositional and referential nominals. Bipartite classifications (in terms of [inanimate] vs [eventive] as in Rappaport-Hovav and Levin (1992), or [episodic] vs [dispositional] as in Alexiadou and Schäfer to appear), cannot capture the properties of these nominals, at least in French. We also show that the event interpretation of these nominals depends not only on the presence of argument structure, but also on the specific vs. non-specific nature of the argument structure they realize, refining the predictions in the classical literature on eventive deverbal nominals (since Grimshaw 1990). This is nevertheless true only in the case of nominalizations of arguments: -ant nominals, which apparently compete with -eur nominals, show a different behavior which indicates that they are phrasal. Here, the nominalized structure inherits aspectual properties from the internal verb phrase, but presents also an aspectual shift induced by the fact that there is nominalization of a predicative phrase which is therefore stative. Nominals denoting internal arguments, i.e. -é/-i/-u nominals, which nominalise passive participants to events, confirm the generalization derived for-eur nominals, since, by default, they realize a specific argument structure and they can only be episodic. The general picture that emerges allows us to explain how the properties of nominalized predicates are inherited in deverbal nominals denoting participants in the events, by showing how genericity and episodicity are structurally inherited or built-up in these nominalizations.Cet article étudie les noms déverbaux dénotant des participants aux événements (agent, patient, siège, etc.) en français. Nous commençons par montrer que les noms en -eur, soi-disant des noms d' " agent ", se classent en trois catégories : des noms épisodiques, des noms dispositionnels et des noms d'objet référentiels. Les classifications bipartites (qui opposent [inanimé] vs. [événementiel] comme Levin & Rappaport-Hovav (1992), ou [épisodique] vs. [dispositionnel] comme Alexiadou & Schäfer à paraître), ne sont pas adéquates pour capturer les propriétés de ces noms, au moins en français. Nous montrons également que l'interprétation événementielle de ces noms est en rapport direct, non seulement avec la présence, mais plus particulièrement avec la nature spécifique / non-spécifique de la structure argumentale qu'ils réalisent, ce qui est un raffinement des prédictions faites dans les études classiques sur les déverbaux événementiels (à commencer par Grimshaw 1990). Cette contrainte fonctionne, cependant, seulement pour les nominalisations d'arguments : les noms en -ant, en compétition apparente avec les -eur, présentent un fonctionnement différent lié dans ce cas à la nominalisation d'une structure phrastique entière. Cela implique un héritage des propriétés aspectuelles propres au groupe verbal interne, mais aussi un changement aspectuel induit par le fait qu'il s'agit de la nominalisation d'une prédication, contribuant de la stativité. Les noms d'argument interne, à savoir les noms en -é/-i/-u nominalisant des participants passifs aux événements, confirment la généralisation dérivée pour les -eur, puisque ceux-ci réalisent par défaut une structure argumentale spécifique et ne peuvent être qu'épisodiques. Le tableau général auquel nous aboutissons permet d'expliquer la manière dont les propriétés des prédicats nominalisés sont héritées dans les noms de participants aux événements, en montrant comment la généricité et l'épisodicité sont structuralement héritées ou contribuées dans ces nominalisations