Elle (a) fait un bébé toute seule

A travers l'assistance médicale à la procréation (AMP), il est désormais possible pour une femme de concevoir sans participation et personnification paternelle : grâce au don de sperme, d'un donneur connu ou inconnu, les femmes peuvent devenir mère et créer une famille en tant que célibataire. Il s'agit là d'une nouvelle configuration familiale qui se dessine, et plus précisément d'une nouvelle maternité, qui est " librement " et médicalement créée, choisie et assumée. L'objectif est ici d'étudier les femmes qui recourent aux nouvelles techniques procréatives pour concevoir " seules " un enfant, et notamment les femmes françaises qui partent à l'étranger pour bénéficier d'un don de sperme (l'AMP étant en France réservée aux couples hétérosexuels). Ces " futures mères célibataires ", comme elles se désignent elles-mêmes, se rendent en Belgique, en Espagne et au Danemark, pays où nous les interrogeons depuis 2010. Il s'agit alors ici d'identifier qui sont ces femmes, quelles sont leurs caractéristiques sociodémographiques et quelles sont leurs trajectoires personnelles. Nous voulons également comprendre et analyser comment se construit et se concrétise un tel projet parental, s'il s'agit d'un choix par dépit ou non ; et comment il est accueilli dans la société. Nous nous interrogerons alors sur les effets de cette pratique (pro)créative sur les représentations de genre, sur les normes afférentes telle que la norme procréative française