Le corps genré des femmes chirurgiens : Des difficultés de l'entretien formel à l'évidence de la connivence féminine en situation d'entretien

Dans les premiers entretiens réalisés avec des femmes chirurgiens dans le cadre de notre thèse, nous avons essayé d'aborder la question du corps, et en particulier celle du genre du corps dans une perspective dispositionnaliste. Nous nous sommes alors heurtée à l'incompréhension des enquêtées face à un questionnement qui ne leur apparaissait manifestement pas légitime. Dans un premier temps nous revenons sur les causes de notre " échec " à faire parler les enquêtées du corps. Ce n'est que dans un deuxième temps, lors des observations de terrain, que nous nous sommes aperçue qu'il était possible d'avoir des conversations informelles relativement riches avec les enquêtées au sujet du genre du corps : habillement, coupes de cheveux, pudeur, maquillage ont été autant de questions abordées de façon tout à fait naturelle sur le mode de la connivence féminine. Il était possible aussi, par la simple observation, répétée jour après jour, d'avoir des éléments concrets et précis sur la façon dont les enquêtées se maquillaient (ou non), s'habillaient, se coiffaient, portaient des bijoux (ou non), se déshabillaient au bloc opératoire, etc. Autant d'éléments que les enquêtées avaient du mal à objectiver concrètement en situation d'entretien formel. Ces observations permettaient un recueil systématique de données sur les enquêtées et pouvaient donc servir de façon tout à fait naturelle de support à la conversation informelle, facilitée par le genre de l'enquêtrice