Les politiques de collectivités locales en direction d'élèves non-affectés par l'institution scolaire : les effets sur les modes d'inscription sociale de ces jeunes : http://www.cnam.fr/griot/colljeunes.htm

Ceux que les politiques publiques caractérisent en termes de " jeune en difficulté " sont issus de milieux populaires, souvent de quartiers de banlieues et d'une famille à l'histoire migratoire assez récente. Cette conception générationnelle, qui substantialise les difficultés rencontrées, occulte donc les appartenances sociales. Ces mêmes logiques sont à l'œuvre dans différentes institutions publiques. Nous nous centrerons sur le fonctionnement d'une part de l'institution scolaire et d'autre part des collectivités locales pour étudier les conséquences de cette conception des jeunes résumée par l'expression " en difficulté " sur la façon dont les jeunes concernés traitent la question de leur propre " appartenance sociale ". Chaque rentrée scolaire, des lycéens et des étudiants ne sont pas affectés dans la filière ou l'établissement demandés et se retrouvent malgré eux dans une situation de rupture de scolarité. Le Conseil Général et des Communes du Val-de-Marne ont mis en place, dans le cadre de leurs politiques en direction de " la jeunesse ", un dispositif " SOS rentrée " qui vise à ce que chacun obtienne l'affectation de son choix : animateurs et élus accompagnent dans des démarches auprès de l'institution scolaire les jeunes concernés et les engagent dans des actions de type revendicatif. La proposition de communication se base sur les résultats d'une recherche (quantitative et qualificative), commanditée par ce C.G. Le travail quantitatif permet de mieux identifier : * qui sont, des points de vue scolaire, socio-économique et familial, les 447 jeunes ayant eu recours au dispositif à la rentrée 2001 ; * les raisons ayant conduit à leur non-affectation. Le travail qualitatif que développerait plus particulièrement la communication s'appuie sur une phase d'observation participante dans les " négociations " avec l'institution scolaire des jeunes et des responsables du dispositif et deux séries d'entretiens semi-directifs de recherche auprès de 37 jeunes. Il montre comment, au travers de la sélection / déscolarisation, l'École et les collectivités territoriales traitent de façon à la fois divergente et convergente les questions " d'appartenance sociale " en caractérisant les jeunes comme étant " en difficulté ". Principaux développements, résultats de la recherche Malgré l'allongement des scolarités des enfants de milieux populaires et la scolarité unique, les évidences partagées entre l'École et les classes sociales dominantes sont restées considérées comme des pré-requis : si elles ne sont pas partagées, cette absence de connivence est assimilée à une " carence du milieu ", une " difficulté de vie ", source de " difficultés scolaires ". Les discours dominants invoquent ainsi le " jeune en difficulté " pour expliquer les difficultés de l'élève (a fortiori sa non-affectation, voire le peu d'enjeu à le rescolariser). Mais cet écart social n'est pas signifié explicitement aux élèves de milieux populaires : leur scolarité " adaptée " par l'institution (en termes de contenus comme de modes de faire) a masqué le nécessaire travail d'acculturation qu'ils doivent réaliser. Le terme " en difficulté " masque au demeurant des processus liés à des rapports sociaux ; les jeunes peuvent s'assigner à cette catégorie sur un registre psychologisant comme sur celui des rapports sociaux. Pour une part, le recours et la participation au dispositif, leur éventuelle rupture de scolarité assignent également ces élèves à l'image de " jeunes en difficulté ". De plus, les services-jeunesse de ces collectivités locales ont des actions très ciblées, voire principales, en direction des " jeunes en difficulté " : la participation au dispositif amène un certain nombre d'individus à s'objectiver dans cette catégorie. Mais pour une autre part, le regroupement des jeunes dans le dispositif contribue à ce qu'ils perçoivent le caractère socialement différencié du groupe qu'ils composent. C'est l'articulation entre ces différents modes d'objectivation de " soi ", des " groupes " et des " appartenances sociales " que cette communication propose de développer