L'État, l'Église orthodoxe et les religions dites étrangères : le cas de l'Église catholique dans la Russie impériale

This article analyses the relationships between the Russian state, the Orthodox Church and the Roman Catholic Church along three lines. First, it shows how traditional Russian theological and cultural representations of Catholicism as the "Other" re-emerged in times of crisis, such as the nineteenth-century Polish insurrections. Second, it examines the autocracy's use of religious authority, including Catholicism, to bolster the imperial order. Finally, it examines how the state's changing perceptions of confession and ethnicity affected its policy vis-à-vis its Catholic subjects beginning in Alexander II's reign.Cet article analyse les relations entre l'État russe, l'Église orthodoxe et l'Église catholique en essayant d'inscrire cette problématique dans trois temporalités : tout d'abord, il montre comment les représentations théologiques et culturelles du catholicisme existant dans la mentalité russe depuis le Moyen Âge influencent le statut du catholicisme en tant que religion de l'Autre et comment ces représentations ré-émergent en temps de crise, comme lors des révoltes polonaises ; ensuite, à partir du début de l'ère impériale, il met en évidence l'utilisation par le pouvoir de toutes les religions, y compris le catholicisme, comme fondements de l'ordre impérial qui identifie et administre les populations en fonction de leur appartenance confessionnelle ; enfin, en ce qui concerne plus spécifiquement le XIXe siècle, notamment à partir du règne d'Alexandre II et de la tentative de construction de l'État-nation, il analyse comment la transformation dans la perception du pouvoir des relations entre le principe religieux et ethnico-national détermine la politique confessionnelle envers les fidèles catholiques et l'Église romaine sur le territoire de l'Empire russe