Ontologie et fonction du visible et de l'audible dans les premières images de l'Apocalypse de Trêves (Stadbibliotek, cod. 31).

ISBN : 978-88-8450-416-6International audienceLe livre de l'Apocalypse a été illustré très tôt à Rome et il a largement influencé l'art paléochrétien dans son ensemble. Des précoces manuscrits, nous n'avons que des témoignages indirects, par leur correspondance avec des programmes monumentaux qui leur étaient contemporains et par les copies ultérieures qu'ils ont pu inspirer. Tel est le cas de la célèbre Apocalypse de Trêves, la plus ancienne apocalypse illustrée conservée. Cette apocalypse est la copie, adaptée et remaniée dans une mesure sur laquelle les historiens ne s'accordent pas toujours, d'un rouleau datant probablement du VIe siècle. La date de réalisation du manuscrit serait du premier quart du IXe siècle. Seule B. Nolan avait suggéré, en 1977, que l'illustration de l'Apocalypse de Trêves avait peut-être été contaminée par l'exégèse contemporaine, au motif de son manque d'organisation narrative et de la fréquence des figurations du Christ et de saint Jean dans les images du manuscrit. C'est cette proposition, alors peu argumentée, que l'auteur se propose de confirmer et d'élargir. Elle suggère que les premières pages de l'Apocalypse de Trêves résonnent avec une partie de la tradition exégétique mais aussi, et surtout, avec les préoccupations des lettrés carolingiens au sujet des images et plus largement, des pouvoirs expressifs et du mode de fonctionnement de la forme visuelle signifiante. Malgré le caractère partiel d'une étude qu'il faudrait élargir au reste du manuscrit, l'auteur montre que l'illustration de l'Apocalypse de Trêves, parfois jugée médiocre dans la facture et commune dans ses options iconographiques, était en réalité extrêmement élaborée et savante