Une fiction non-euclidienne. Vérité et modèle en régime naturaliste

International audienceThis paper does not focus on models proper, but on the notion of modelisation as a creative process and a solution to one of the key issues of XIXth century's intellectual life : how can one grasp both the one and the many at the same time? The answer lies in two specific areas within which naturalism can be considered "abstract": the theory of characters, as redefined by Zola through a statistical approach of "types" (Quetelet) ; the graphic sketches that served as the bases of Rougon-Macquart's genesis, and make scientific models appear as fiction-shifters. At the intersection of these areas, the formal play unveils itself as a so-said scientific justification for reactivating popular knowledges despised by official science. Zola reveals that models are fictional, and that paradoxical though it may be, h, they can be accurate representations precisely because they are approximate and non-realistic. These we will define as non-euclidian fictions.L'objet de cet article n'est pas le modèle mais la modélisation, comme processus créateur, mais aussi comme instrument de résolution de l'équation cruciale du XIXe siècle : comment articuler l'un et le collectif ? Il conduit en ces deux lieux où le naturalisme a pu être qualifié d'abstrait : la théorie du personnage, que Zola renouvelle en y intégrant une conception statistique du " type " (Quételet) ; les supports graphiques de la genèse des Rougon-Macquart, qui font du modèle scientifique un embrayeur de fiction. Les deux se rencontrent, lorsque ce jeu formel apparaît comme une justification pseudo-scientifique de la réactivation par l'auteur de savoirs populaires discrédités. Zola découvre ainsi le caractère fictionnel de tout modèle, et l'étrange paradoxe d'une représentation exacte parce qu'approximative, baptisée fiction non-euclidienne