Au fil de trente ans d'écriture narrative : José María Merino et la guerre

International audienceDepuis ses débuts en prose narrative à l'aube des années quatre-vingts jusqu'à aujourd'hui, José María Merino (La Coruña, 1941) n'a pas manqué d'aborder le thème de la guerre, évoquant en priorité la Guerre civile espagnole mais aussi tous les combats qui se sont livrés sur la terre de ses racines (León), et plus largement en Espagne et ailleurs. Prenant appui sur un corpus constitué d'un large éventail de romans, de nouvelles et de micro-récits, on distingue trois axes majeurs dans le traitement de la guerre par la plume de cet écrivain. Ainsi est-il question, dans une première partie, de l'exaltation de la figure du résistant à laquelle il s'est livré dans le cadre de certaines œuvres (mythification du guerrier vaincu dans "El caldero de oro", mais aussi mise en valeur d'autres formes de résistance dans d'autres récits). Une seconde partie est consacrée aux différents procédés d'écriture par lesquels Merino s'est attaché à rendre compte des blessures, des effets traumatisants et des séquelles de la guerre, non seulement sur ceux qui en sont les victimes directes ou les témoins, mais aussi sur leurs proches et leurs descendants. Enfin, centrant l'analyse sur son dernier roman ("La sima", 2009) on montre que, tout en soutenant la thèse d'un caïnisme qui serait propre aux Espagnols, Merino en est venu à transmettre ouvertement par la voie romanesque un message foncièrement humaniste de " concorde civile " et de dialogue entre les peuples, dont on pouvait déceler la trace dans ses premiers écrits. On montre aussi comment il met en lumière, toujours dans "La sima", le rôle que la création littéraire peut remplir en matière d'exutoire des élans fratricides