Conflits des interprétations dans la société de l'information‎ : éthique et politique de l'environnement

National audienceLa montée des préoccupations environnementales coïncide avec une expansion sans précédent d'informations sur la rareté des ressources énergétiques ou sur l'état préoccupant de la biosphère. Néanmoins, la facilité d'accès et l'abondance des éléments de connaissance qui seraient censés favoriser une perception plus aiguë des problématiques écologiques ne suffisent pas à générer des comportements plus responsables envers la nature et les générations à venir, loin s'en faut. Nos sociétés demeurent amplement dominées par des logiques de consommation, héritées des modes de production et d'exploitation industrielles, créant des régimes spécifiques d'attention qui sont en contradiction avec toute véritable exigence éthique. La mise en cause de ces modèles ne doit-elle pas aujourd'hui nous inciter à analyser le plus scrupuleusement possible la mise en forme des informations sur l'état des questions environnementales ? Une telle exigence ne suppose-t-elle pas d'interroger l'interpénétration entre environnements numériques virtuels et environnement biologiques ? Ne devons-nous pas enfin à apprendre à mieux questionner les médiations technologiques qui contribuent autant à nous alerter qu'à nous désorienter ? C'est l'une des ambitions du présent ouvrage que d'explorer ces questions. Les analyses transdisciplinaires qui le composent établissent un lien constructif entre le fait médiatique, dans toute son hétérogénéité et sa nouveauté, et les crises qui touchent notre environnement. L'impact des flux informationnels sur les subjectivités individuelles et collectives, à une époque où la circulation de l'information est considérée comme le point le plus haut de l'activité démocratique, est loin d'être neutre. De plus, les grands défis écologiques sont pris dans les tensions face à la perception des dangers et des risques environnementaux par l'opinion publique. Des conflits d'interprétations surgissent entre experts et pas seulement face aux opinions publiques. Il nous faut alors imaginer le traitement de ces perceptions pour être en mesure de délibérer et de décider ensemble. Une éthique et une politique susceptibles d'embrasser la complexité de nos environnements sont ici en jeu