L'écriture du rapport à soi dans les paraphrases des psaumes de pénitence de Marot à Lagrange (XVIe siècle-XVIIIe siècle), suivi de la bibliographie des psaumes de pénitence en vers français de Marot à la fin du XVIIIe siècle

35 pagesInternational audienceIn this article, we propose a reading of the abundant production of paraphrases of the seven penitential psalms into French verses (105 different translations identified from Marot to the late 18th century) as one of the literary models of a personal speech and the place of creation of norms of rapporting with the self. We place them in the history of secularization of the speech of intimacy, from Augustinian's origin: one's own experience is the place of God's knowledge. Thus, we demonstrate that the poetics of self which they contribute to spread out, gives the conditions for a sincere speech. In spite of the tension towards the individuation of the speaker in a moral agent, the personal speech of the penitential psalms rather achieves the dissolution of all reified forms of rapporting with the self (nature, character, self-love). Finally, the rapport with the self whose those texts give an example, is throughout a social (political, juridical) fact, either as an adaptation of the person to institutions or as a change in the collective body from the speech of personal experience. An exhaustive bibliography of printed and known penitential psalms' paraphrases into French verses from Marot to the late 18th century follows the article.Nous proposons de lire l'abondante production de paraphrases de psaumes de pénitence en vers français (105 traductions distinctes identifiées depuis Marot jusqu'à la fin du XVIIIe siècle) comme l'un des modèles lettrés d'une parole personnelle et le lieu d'élaboration de normes de rapport à soi. Nous les situons dans l'histoire de la sécularisation du discours de l'intériorité, d'origine augustinienne : l'expérience de soi est le lieu d'une connaissance de Dieu. Ainsi, nous montrons que la poétique de soi qu'elles diffusent offre les conditions d'une parole sincère, qui échappe aux paradoxes de la comédie de la sincérité, dénoncée ultérieurement chez Stendhal par Valéry. Malgré la tension vers l'individuation du locuteur en un agent moral, la parole personnelle des psaumes de pénitence accomplit plutôt une dissolution de toutes les formes réifiées du rapport à soi (nature, caractère, amour propre). Enfin, le rapport à soi dont ces textes donnent l'exemple est de part en part un fait social (politique, juridique), qu'il s'agisse d'un fait d'adaptation du sujet aux institutions ou d'une modification du corps collectif à partir de la parole d'expérience singulière. L'article est suivi de la bibliographie exhaustive des paraphrases imprimées et connues des psaumes de pénitence en vers français depuis Marot jusqu'à la fin du XVIIIe siècle