La gouvernance territoriale : dynamiques discursives, stratégiques et organisationnelles

Ce chapitre présente le pari théorique et empirique de l'ouvrage, pari qui consiste tout d'abord à définir autant qu'il est possible de le faire les concepts de gouvernance et de gouvernance territoriale, étant entendu qu'aucune définition ne peut pourtant lever toutes les imprécisions qui les entourent. Il examine en second lieu le point de savoir si la vogue indéniable de ceux-ci peut être assimilée ou non à une simple mode, ces imprécisions pouvant faire douter du caractère réellement scientifique et de la fécondité opératoire de ces concepts. L'étude bibliométrique qu'il propose des usages du concept de " governance " de 1972 à 2002 permet de montrer une diffusion continue et croissante de ce concept et appuie donc la thèse d'une influence profonde davantage que celle d'une vogue périssable. L'auteur s'appuie sur ce constat pour avancer que la diffusion du lexique et du registre de la gouvernance correspond à une recomposition de l'action publique dans un double sens : comme fondement de légitimité de l'ordre politique et comme espace de lutte stratégique. Cela l'amène à présenter les deux grands axes qui organisent l'ouvrage : le premier consiste à dépasser la critique courante des imprécisions et de la polysémie de ces deux concepts pour plutôt amorcer une réflexion sur leurs conséquences et sur les dynamiques discursives auxquelles elles donnent lieu ; le second porte sur les usages sociaux qu'elles autorisent, c'est-à-dire sur les dynamiques stratégiques et organisationnelles qui naissent de la difficulté qu'il y a à comprendre ce que signifie exactement la gouvernance, ce qui en relève, comment on la gère, etc. Ce sont bien sûr les croisements de ces axes qui sont le cœur de l'entreprise, c'est l'étude des multiples et complexes articulations entre dynamiques discursives, stratégiques et organisationnelles qui constitue l'angle d'attaque pour comprendre le succès de la gouvernance et en rendre compte