La République, des 'nouvelles couches' aux 'classes moyennes'

Après une réflexion introductive sur la dimension politique et sociologique de la notion des 'classes moyennes', sur l'actualité du concept et sur sa place essentielle au sein du discours républicain français, l'article propose dans une première partie une analyse de cas: l'occurrence de 'classes moyennes' dans l'un des grands quotidiens républicains de l'époque de la Troisième République, Le Temps, entre 1870 et 1940. Cette analyse fait apparaître que la notion sert non seulement d'outil de représentation d'intérêts sociaux et politiques, mais qu'elle comporte aussi deux messages 'républicains': l'aspiration à la cohésion sociale et la norme de la 'vertu du milieu'. La deuxième partie du texte compare ce discours aux connaissances actuelles quant à la réalité sociale de la France de la Troisième République. Il apparaît alors que le discours républicain classique - dont l'écho résonne toujours sous forme de l'image de la Belle Epoque républicaine autour de 1900 - doit être considéré en bonne partie comme trop optimiste. C'est la raison pour laquelle la loyauté réciproque, souvent postulée, entre la République et les classes moyennes reste soumise - comme le démontre la troisième partie de ce chapitre d'ouvrage - é des conditions: En fait, les oscillations de la pendule parlementaire à l'époque de la Troisième République, comme depuis lors, apparaissent largement traduire des évolutions au sein des 'classes moyennes', évolutions qui, dans un contexte de crise, peuvent en porter une fraction non négligeable en dehors du cadre républicain. Voici pourquoi les Républicains, au lieu d'auréoler une orthodoxie révolue, doivent rester attentifs à une réalité: aux profonds clivages qui divisent, en France plus qu'ailleurs, les 'classes moyennes' en leur sein