La réception des idées de Darwin en France et le problème du fixisme

National audienceDeux textes émanant d'auteurs fixistes, l'Examen du livre de M. Darwin sur l'origine des espèces, de Pierre Flourens et Darwin et ses précurseurs français d'Armand de Quatrefages sont caractéristiques de deux attitudes de scientifiques français, dans la réception des idées de Darwin dans les années 1860. Flourens attaque Darwin sur l'espèce et sur la variabilité, puis sur la réalité même de la sélection naturelle, à prendre pour lui au figuré et non pas au propre comme s'il s'agissait d'une propriété de la nature personnifiée. Flourens a bien compris que l'élection naturelle de Darwin et la concurrence vitale ne sont que les deux faces de la sélection naturelle qui puise dans la réserve de la variabilité génétique. Mais Flourens reproche à Darwin de confondre " la variabilité avec la mutabilité ". Il accepte seulement la variabilité intra-spécifique comme une réalité biologique expérimentable, il y aurait évolution des variétés et non des espèces. Lorsque De Quatrefages fait paraître Darwin et ses précurseurs français, Études sur le transformisme, en 1870, le livre de Darwin sur la filiation de l'homme n'est pas encore publié. Lui aussi pense que Darwin confond évolution des espèces et évolution des races ou des variétés mais il est plus nuancé et ouvert que Flourens. A partir de L'origine des espèces, Armand de Quatrefages pense qu'on ne peut pas envisager une origine linéaire de l'homme descendant du singe et remarque que l'évolution darwinienne donne un ancêtre commun au singe et à l'homme, tout en isolant le rameau humain du rameau simien actuel. Pour lui, la 'doctrine' de Darwin, logiquement appliquée au type humain, conduit à regarder l'homme et les anthropomorphes comme les termes extrêmes de deux séries qui auraient divergé. Tout en étant en désaccord avec Darwin, cet auteur s'intéresse à des conceptions transformistes nuancées, (même si sur le fond, il reste fixiste). On a donc dès les années 1870 chez cet auteur comme chez d'autres zoologistes, une relative compréhension du groupe des Primates et de ce qu'il recouvre, sans confirmer toutefois l'évolution