: Porto-Novo capitale, entre vision patrimoniale, modernité vodun et regard touristique.

Appuyé sur quatre enquêtes menées entre 2005 et 2011, l'article examine les rôles respectifs de la patrimonialisation, du tourisme et du culte vodun à Porto-Novo, désuète capitale du Bénin, éclipsée par Cotonou. La réhabilitation de la ville est au coeur d'un conflit déjà ancien entre les défenseurs d'une patrimonialisation du centre ville colonial et afro-brésilien, et les tenants d'une ville moderne susceptible d'accueillir les élites économiques de la sous-région, notamment nigérianes. Dans ce contexte, le vodun, ses divinités et ses réseaux d'influence jouent un rôle urbain, social et politique de première importance, alors qu'ils ne sont pas pris en compte par la coopération européenne, focalisée sur le patrimoine bâti. A l'inverse, pour la plupart des habitants, ce patrimoine est synonyme d'inconfort, de pauvreté, voire de pouvoir post-colonial. Dans ce conflit, irréductibles aux anciens et aux modernes, chacun justifie sa position au nom du nécessaire développement du tourisme, culturel d'un coté, d'affaire ou de loisirs de l'autre. Balbutiant pour ce qui concerne ses pratiques, le tourisme est en effet considéré comme un "secteur" susceptible de faire baisser les tensions politiques et communautaires, et concilier des aménagements urbains contradictoires