L'État libanais, la justice sociale et spatiale : l'expérience de la période chéhabiste (1958-1964)

International audienceL’idée d’une nécessaire planification spatiale a émergé au Liban dans un contexte national, régional et international particulièrement complexe, et comment un homme et une équipe relativement petite ont pu imposer, le temps d’un mandat présidentiel, l’idée que le développement national passait par une planification pilotée par un État fort et surtout juste. Au sortir de la guerre civile de 1958, deux catégories d’acteurs s’opposaient : d’une part, les tenants d’une mise en phase du pays avec la doxa du libéralisme économique — et donc une minimisation du rôle de l’État — et d’autre part, ceux qui œuvraient pour une action volontariste étatique, seule solution possible pour un développement durable, éthique et équitable. Pour les partisans de cette dernière solution, l’aménagement permettrait le désenclavement des périphéries nationales et leur insertion dans la modernité du centre et des réseaux du capitalisme financier et marchand ; l’ensemble serait discipliné et contrôlé pour le bien commun de tous les Libanais. Par cette action, il autoriserait l’émergence du citoyen libanais, plus attaché à la République qu’aux féodalismes locaux et aurait, à terme, permis l’élaboration de nouvelles formes démocratiques. L’action impulsée par Fouad Chéhab a placé l’État au centre des projets de développement du Liban, laissant des traces fortes dans la géographie du pays