Zones refuges glaciaires et processus de recolonisation tardiglaciaire et holocène du castor (Castor fiber L.) en Europe : aperçu synthétique des données archéozoologiques

Le castor (Castor fiber L.) était en voie de disparition au début du XXème siècle, avant d'être protégé puis réintroduit dans la plupart des pays européens. Aujourd'hui, l'animal recolonise rapidement les hydrosystèmes (fleuves, rivières, lacs...). Sa réintroduction peut être considérée comme un grand succès écologique. Lorsqu'une espèce fait l'objet de plans de réintroduction, il apparaît inexorable de se demander quels sont les objectifs à atteindre et comment les définir... Quelle époque doit être considérée comme point de référence ? À partir de quelles données et de quels indices caractériser l'extension, si l'on peut dire, " initiale " des populations ? Ces questions sont particulièrement décisives concernant le castor qui modifie intensément son milieu de vie. Le propos de cet article est de déterminer les principales zones refuges du castor pendant la glaciation de Würm et de retracer les grandes étapes de sa colonisation des vallées européennes à partir de la fin du dernier épisode glaciaire. Pour y parvenir, nous avons analysé un corpus de données archéozoologiques collectées de 2005 à 2008, que nous avons confronté aux données génétiques (Lavrov, 1983 : 87-90 ; Ellegren et al., 1993 : 8150-8153 ; Durka et al., 2005 : 3843-3856) et ostéomorphologiques (Heidecke et Frahnert, 1992 : 175-189 ; Heidecke et Neumann, 2000 : 20). Nous avons également appuyé notre argumentation sur les données archéobotaniques, sur les connaissances éthologiques de l'animal ainsi que sur les études démographiques conduites actuellement dans le cadre du suivi (gestion) des populations de castors, protégées et réintroduites. Ce travail ébauche une meilleure compréhension des dynamiques spatio-temporelles du processus de recolonisation de l'Europe par le castor (couloirs possibles de migration, répartition des populations, rencontre des sous-espèces, périodes durant lesquelles l'animal est pour la première fois attestée par l'archéologie aux différentes latitudes...)