Urbanisme dans le Monde arabe : entre ancrage à l’économie-monde et processus de marginalisations socio-spatiales. : Le cas d’Aqaba en Jordanie

International audienceLa mondialisation actuelle place les villes au cœur des compétitions économiques internationales et en fait des lieux privilégiés d’échanges et d’accumulation du capital, selon un jeu urbain caractérisé par la privatisation, la mobilisation de l’action publique pour sécuriser les investissements et la dérégulation. Les villes du monde arabe qui n’échappent pas à ce contexte, sont particulièrement attractives des investissements provenant des pays du Golfe, à l’origine des mutations de leur urbanisme. Ainsi, depuis les années 1980, dans de nombreuses villes du monde arabe, émerge un urbanisme de grands projets générant des dynamiques paradoxales de valorisation/intégration urbaine et de marginalisation socio-spatiale. L’exemple des projets liés à la zone économique spéciale d’Aqaba illustre de façon exacerbée cet urbanisme, expérience économique et politique « extraterritoriale » qui use de la ressource territoriale, sans retour significatif sur l’amélioration des conditions de vie des populations locales. Par ailleurs, la sophistication des montages et les nouveaux modes de faire se distinguent par la présence de nombreux experts, technocrates et hommes d’affaires, par la multiplication des partenariats public/privé, par la complexification des montages technico-financiers et par l’implication du pouvoir central, voire le chef de l’Etat lui-même : des processus qui mettent à distance les pouvoirs locaux et les habitants et font reculer davantage l’implication de ces acteurs dans la fabrique de la ville