Mobilisation des compétences et reconnaissance des métiers : le « mandat » en questions

International audienceCe texte interroge le mode contemporain d’existence des métiers à travers la question de leur contribution à la construction et à la reconnaissance des compétences. La gestion des compétences se revendique d'un retour au « métier », mais selon quelles modalités ? Contrairement à l’univers des professions, où la compétence est avant tout reconnue et régulée par les pairs, la définition et la reconnaissance des compétences dans l’entreprise dépendent de l’employeur. Tributaires de choix locaux d'organisation, les compétences sont définies pour des emplois « maison » aux contours mouvants, et reconnues à l’aide de procédures ad hoc. Dans ce contexte, le recours au « métier » vise à gérer la cohérence entre le « métier » évolutif de l'entreprise et les qualifications des salariés. Il s’accompagne d’une prescription du travail moins basée sur les tâches à réaliser que sur les objectifs à atteindre, ce qui demande aux salariés de développer leurs propres modes opératoires face aux « mandats » qui leur sont confiés. Le « métier » représenterait ainsi un outil de management qui oriente le travail sans structurer a priori l’activité, au risque de fragiliser la reconnaissance des compétences. La richesse de l’activité se heurte à un processus de normalisation des compétences requises qui n’en donne qu’une image tronquée face à des mandats fluctuants