« ‘ Passera pas’ (le Temps) »

International audienceCette communication, dont le titre condense le cri de guerre de 1914-18 que mentionne Saint-Loup et la superbe injonction faite au Temps de ne plus passer qui domine la fin du Temps retrouvé, part de l’hypothèse que, malgré des apparences apocalyptiques qui sont souvent pour rire, la seule révélation qui soit véritablement de cet ordre est pour le Narrateur la découverte de sa propre inclusion dans la catégorie des hommes soumis au mortel syllogisme qui mine le statut d’exception qu’il s’est toujours octroyé. Devant ces « objections » du réel, la dernière partie d’À la recherche du temps perdu forge un certain nombre de nouveaux mythes d’invulnérabilité à la Mort qui passent par le refus de la loi des générations, par la réminiscence et par la littérature. Pourtant Le Temps retrouvé n’est pas ce chant de triomphe en lequel on l’a souvent transformé et l’on est frappé par les effets d’écho entre les mauvaises nouvelles des dernières pages du livre, qui ne proviennent plus d’une observation extérieure, mais du corps, de la pensée, du protagoniste lui-même, et la mauvaise nouvelle du « Bal de têtes »