L'anomalie du vivant. Réflexions sur le pouvoir messianique du monstre

International audiencePhilosophy first encounters the figure of the monster as a challenge to order – whether natural or moral, the distinction is in fact secondary. This challenge can also be a bearer of meaning, as in a curse. Then philosophy «naturalises» this figure, either to erase any potentially chaotic dimension from the universe, or to construct an ontology (a «metaphysical romance», as it was called in the eighteenth century) of Life and its unpredictability, of which the monster is the prime case. But there is a third moment, a third «encounter» between philosophy and the monster, which marks a kind of return to its signifying power, this time in contemporary thought: the attribution to the monster of a messianic power. In what follows I attempt to evaluate the meaning and justification of this attribution.La philosophie rencontre la figure du monstre d’abord comme un défi à l’ordre – ordre naturel ou ordre moral, la distinction est secondaire. Ce défi peut également être porteur de sens, comme une malédiction. Puis la philosophie «naturalise » cette figure, soit pour effacer toute dimension potentiellement chaotique dans l’univers, soit pour construire une ontologie (un « roman métaphysique», comme on disait au dix-huitième siècle) du vivant et de son imprévisibilité, dont le monstre est la représentation princeps. Mais il existe un troisième moment, une troisième « rencontre » entre la philosophie et le monstre, qui marque une sorte de retour à sa puissance significative, dans la pensée contemporaine cette fois : elle attribue à la figure du monstre un pouvoir messianique. Nous tentons ici d’évaluer le sens et la justification de cette attribution