Les figures de syntaxe de la répétition revisitées

International audienceOn peut distinguer deux modes de répétition verbale : celle du signifié (rendre l’âme équivaut à mourir), celle du signe (« Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir »). À la différence de la répétition du signifié, pour laquelle les formes sont substituables, la répétition des signes les maintient dans leur matérialité, en tant que « corps » singuliers et non-substituables. L’article, dans une approche qui articule rhétorique et linguistique textuelle, revient sur un type de répétition « non-substitutive » : celle des figures syntaxiques de répétition. Il s’agit de mettre en valeur leur capacité de structuration textuelle, en général identifiée et décrite pour la seule figure de l’anaphore. Il montre que ces figures sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne l’imagine et organisées en un système extrêmement rigoureux, qui articule figures simples (anaphore, épiphore, anadiplose), et figures composées (symploque, antépiphore, chiasme), mais qui toutes suspendent l’opposition entre syntagme et paradigme. La mise en œuvre conjointe de ces figures de répétition nous fait passer à un autre mode de textualisation, celui de la répétition réticulaire. Ce mode n’est plus celui de la structuration informationnelle, principalement orientée vers l’aval du discours (à l’image de la prose, du latin prorsum, qui va tout droit) mais celui d’une textualisation tant linéaire que tabulaire, tant rétroactive que prospective. Des exemples empruntés aux grands discours politiques du XXe siècle illustrent ce mode de textualisation