La prospective stratégique participative en tant qu’innovation managériale. Le cas de la Guyane française

International audienceL’apologie de la prospective en général et de la prospective stratégique d’entreprise en particulier n’est plus à faire. Dans un contexte de crise, les entreprises ont un besoin impérieux d’anticiper les changements, dans un souci de survie. Cette dynamique est la même auprès des TPE-PME des DFA (Départements Français d’Amérique) et notamment en Guyane française. Les entreprises de cette dernière mettent en place des démarches de réflexion prospective, souvent sous l’impulsion d’organismes publics et/ou privés. Ces démarches sont déterminantes et peuvent favoriser les processus d’innovations managériales au sein des organisations. En effet, la lisibilité des choix que ces démarches expriment au travers des stratégies déclinées, permettent de mieux cerner les potentialités, fixer dans le temps les objectifs à atteindre et les moyens à y affecter. Nous avons observé certaines démarches et leurs résultats depuis ces cinq dernières années (étude longitudinale en observation directe et/ou participante quelquefois) et avons pu discerner ou mieux appréhender les apports, mais aussi les limites de démarches basées sur des critères de référence dont le moins que l’on puisse dire - sans remettre en cause leur pertinence – est qu’ils sont inadéquats pour apprécier la réalité d’un territoire que les habitants eux-mêmes reconnaissent ignorer ou avoir du mal à appréhender. Certes, aucune terre ne peut échapper à l’intelligence de l’homme pour son aménagement et son développement, mais la Guyane, éloignée géographiquement de l’hexagone et insérée dans les pays d’Amérique du Sud, subit la double influence de son appartenance à la sphère Européenne et de son implication dans le devenir de sa région. Seul département français à avoir en même temps des frontières avec l’un des principaux pays émergents du globe et avec l’un de ceux dont l’Europe a choisit d’avoir la charge de l’accompagnement au développement dans le cadre étroit des rapports Nord Sud, la Guyane souffre de son statut de vitrine des lois françaises et européennes en même temps qu’elle doit penser à son avenir aux côtés de voisins favorisés par sa sphère politique d’appartenance. Ce statut unique en France et en Europe n’a sans doute pas généré un modèle particulier de développement et d’une méthodologie prospective qui prendrait en compte cette spécificité. Aussi, nous nous interrogeons sur le bien fonde réel ou plutôt sur la méthodologie des démarches prospective mises en œuvre sur ce territoire pour atteindre les objectifs de développement et d’innovations affichés par leurs mandataires. Ces démarches peuvent-elles être moteur de l’innovation au sein des entreprises, et par extension du développement économique et social en Guyane ? Toutes les conditions ont-elles été réunies ? Et suivant quels critères ? Nous présenterons tout d’abord le cadre conceptuel de la prospective stratégique participative d’entreprise. Ensuite, nous présenterons le contexte économique de la Guyane et les principales démarches engrangées dans cette dynamique par ses acteurs. Enfin nous apprécierons, par la discussion, les facteurs de faisabilité des choix et des objectifs définis, au travers de modèles et de grilles d’analyse préparatoires qui, par postulat, considèrent tout territoire comme une unique entité d’études alors que dans les faits la Guyane et ses acteurs sont pluriels. La question de la réflexion qui pourra suivre cette contribution sera de savoir si l’absence de vision stratégique constitue un frein au développement des innovations managériales lorsqu’elle s’accompagne d’une absence de vision sociologique du territoire et des acteurs économiques concernés