Des Historiens et du Jasmin

International audienceLes historiens ne s'engagent pas sans une relative inquiétude sur le terrain de l'immédiateté. Ils le font avec d'autres outils que les journalistes, les sociologues ou les spécialistes de science politique : en l'occurrence, la relation de la trame des événements est intégrée à l'analyse des tensions sociales et des débats constitutionnels. A partir d'une démarche plus inductive que déductive, la grille de lecture principale s'articule sur les nœuds qui lient " permanences " et " ruptures ". Face au cours d'un épisode révolutionnaire, ces chercheurs ont cependant du mal à ne pas percevoir, comme les autres observateurs, que " tout bouge " alors que, des années durant, la représentation d'un gel politique a prévalu. Peuvent s'ajouter à l'impression dominante du mouvement généralisé, des affinités particulières susceptibles de ne pas les laisser insensible : la référence à la " liberté d'expression " dont ils ne bénéficient pas toujours pour exposer le fruit de leurs recherches, la reconnaissance d'une tension entre le " propre " et l' " universel " à rebours des thèses culturalistes à la mode dans la période post-coloniale elles-mêmes en réaction contre la promotion d'une " occidentalisation " conçue comme voie unique de transformation vers un avenir plus radieux que le présent. Le plus difficile étant sans doute, parce qu'ils sont également citoyens du monde, de ne pas projeter sur l'objet brûlant leurs souhaits, leurs craintes ou leurs espérances, jugements de valeur à l'appui