« ‘On the verge of telling a story’ : tension narrative dans la peinture d’Edward Hopper »

International audienceDans Still Looking: Essays on American Art, l‘écrivain américain John Updike dit à propos d’Edward Hopper : “He seems in his paintings to be on the verge of telling a story”. Cette affirmation, qui place l’œuvre de Hopper à la frontière entre le monde de la peinture et de la littérature, pose l'interrogation d’une histoire contée par une image fixe. Ce potentiel narratif semble d’autant plus problématique qu’il s’applique à un art célèbre pour sa fixité et son impression de solitude. Pourtant, la peinture de Hopper, si elle ne correspond ni à une «histoire» ni à un «récit» tels que définis par Genette, est bien marquée par une tension narrative. Amorce d’un récit, la peinture de l'Américain est d’ailleurs souvent reprise en couverture de romans pour cette même charge narrative. Cet article examine l’origine de cette tension dont la présence et la force expliquent sans doute la fascination exercée par les tableaux de Hopper auprès d’un large public. On étudiera d’abord la temporalité arrêtée, mise en place par de multiples stratégies visuelles et qui génère chez le spectateur une attente. On se tournera ensuite vers le hors-champ qui préfigure un trouble dans le récit pictural. On conviendra enfin que cette œuvre au seuil de la narration a bel et bien troublé de nombreux auteurs qui se sont chargés de dénouer cette tension en en écrivant l’histoire