Comment la notion d'agroécologie réinterroge les pratiques agricoles ?

National audienceLe système industriel a favorisé un savoir fragmenté, disciplinaire, basé sur la certitude grâce à la connaissance, et dont l'objectif est de garantir une gestion artificialisée d'un écosystème. L’agroécologie se présente comme une approche systémique et durable qui s’attache à répondre aux crises, incertitudes et enjeux agri-environnementaux actuels. Il s'agit de fonder la conception des systèmes techniques sur la valorisation des processus écologiques. Les principes agroécologiques, en s'appuyant sur la réintroduction de la biodiversité sur l'exploitation, questionnent les pratiques conventionnelles des professionnels. En effet, aujourd'hui, le contrôle étroit des processus naturels laisse la place à une production basée sur la nature qui n’est plus perçue uniquement comme une source de perturbation dans la production. Ces évolutions demandent au praticien agricole des savoirs différents que ceux utilisés dans les systèmes artificialisés. L'exploitant doit changer de regard et accepter de passer d'une situation dans laquelle il pense avoir une maîtrise totale « à une situation dans laquelle la maîtrise des choses suppose de faire avec et de trouver à gérer des incertitudes croissantes » (Lémery, 2009). Le praticien doit également questionner le statut à donner aux éléments de nature et le degré de partenariat à entretenir avec eux dans le processus de production. Modifier les savoirs et connaissances est insuffisant si on ne s'interroge pas également sur l'« état d'esprit », l'« attitude » nécessaires pour apprendre à produire autrement. Toutes ces évolutions induisent des enjeux pédagogiques qui recouvrent la valorisation des diversités écologiques comme de pratiques, la possibilité d’apprendre et de concevoir par soi-même ses savoirs ainsi que l'hybridation de différentes formes de savoirs