Écrire l’ivresse en Espagne au siècle d’or

International audienceLe vin est omniprésent dans la littérature espagnole du Siècle d’Or. On le boit ou on le recherche avidement, et puis on en parle, on en vante les mérites, en un mot il a sa place dans une littérature composée par des humanistes et s’attachant essentiellement à étudier la personne humaine et où, dirait-on, il en va un peu du vin comme de l’homme : on tourne autour, pour mieux le cerner, mieux l’approcher, on le met en scène, les auteurs de l’époque reprenant semble-t-il à leur compte l’affirmation du poète grec Alcée selon lequel « le vin est un instrument qui permet de voir au travers [de l’homme] » . Le vin est donc là, et bien là, mais l’effet qu’il produit, à savoir l’ivresse, est en revanche rarement représenté. Pour comprendre ce paradoxe, il est important de connaître un certain nombre d’écrits qui sous-tendent toute la production littéraire : apparaissent en effet, au XVIème siècle essentiellement, des traités qui vont imposer une conception de l’ivresse dont ne pourront pas s’affranchir les écrivains de l’époque. Les auteurs de ces traités, qu’ils soient moralistes, médecins, philosophes, ou autre vont tisser tout un réseau d’images et de concepts qui nourrissent la littérature de l’époque