La formation des enseignants face à la diversité des élèves dans une école inclusive au Liban

International audienceLa loi libanaise 220/2000 pose les principes et le droit quant à la participation des personnes à besoins particuliers dans la société. Le droit enjoint donc l’école à être un espace social et éducatif commun pour tous les élèves de la société.De notre point de vue, l’objectif à atteindre est une scolarisation sans distinction, sans condition, tout en prenant en compte les diversités, les particularités et singularités de chaque élève. Cette perspective souligne l’importance de transformer l’école afin qu’elle soit adaptée et plus accueillante pour tous les élèves. Ainsi, nous parlons de l’école inclusive que nous pourrions définir comme « un projet idéel d’enseignement qui, par des adaptations structurelles, organisationnelles et pédagogiques souhaite rendre possible, pour tous les élèves et quels que soient leurs besoins, une scolarité optimale en milieu ordinaire » (Thomazet, Mérini & Gaime, 2014, p. 70). Les transformations à envisager sont majeures. Le soutien à une telle opération ne concerne pas seulement les élèves (Frangieh & Weisser, 2013) car c’est avant tout aux acteurs de l’école ordinaire qu’il faut apporter une aide en leur permettant de faire leur métier dans le cadre nouveau de l’école inclusive. Il semble donc évident que l’école inclusive conduit à une transformation majeure des métiers. Ainsi, les éducateurs, les enseignants, les professionnels du médico-social ont à œuvrer ensemble pour rendre l’Ecole et le travail scolaire accessibles à des enfants à besoins particuliers (Frangieh, Mérini & Thomazet, 2014). Dans ce domaine, le travail collectif est mis en avant comme positif, voire nécessaire (Thomazet & Mérini, 2014) car beaucoup de situations nécessitent la mobilisation des compétences diverses que seul un collectif d’acteurs peut fournir (Caroly, 2010 ; Thomazet & Mérini, 2014). Ces acteurs sont appelés à se partager des principes d’action communs tout en respectant, dans l’ensemble, les règles d’action de leur propre métier (Cru, 1988).Former les enseignants au XXIème siècle, demande de mieux comprendre leur activité et les dispositifs dans lesquels ils œuvrent (Serres & Moussay, 2014). Dans la logique énoncée ci-dessus, la recherche que nous menons porte sur les enseignants exerçant leur métier dans des écoles publiques au Liban. Ils accueillent dans leur classe un élève à besoin éducatif particulier (BEP) suivi par le centre médico-social du CRDP. Nous avons étudié l’activité (Clot, 2006) des enseignants par une méthodologie d’auto-confrontation en nous appuyant sur des vidéos prises en situations réelles de travail (travail en classe, réunion entre les professionnels de l’école et du médico-social*, rencontre avec des parents*) suivies d’entretiens dits d’auto-confrontation (Clot, Faita, Fernandez et Scheller, 2001) simples, d’allo-confrontations et d’auto-confrontations croisées, dans l’objectif de permettre aux personnes filmées d’expliquer leur action. Cette démarche contribuera à mieux connaitre l’entrée dans le travail collectif des enseignants libanais et à comprendre leurs difficultés à intervenir auprès des élèves BEP, dont nous montrerons qu’elles se formalisent en dilemmes.Nos résultats soulignent l’importance que les enseignants accordent au travail collectif. Ils révèlent également que, malgré leur bonne volonté ils méconnaissent le domaine des BEP, et disposent d’une « culture » et de « valeurs » hétérogènes. Ces résultats permettront d’élaborer une plateforme pour former les enseignants sur la thématique de l’école inclusive, que nous présenterons à la fin de notre communication