La Cité Rotterdam à Strasbourg: des espaces, des publics, un fonctionnement

Alors qu’un certain nombre d’études visant à réaménager les espaces non bâtis des grands ensembles d’habitat social sont menées au sein de la Communauté Urbaine de Strasbourg, la Cité Rotterdam, bien que de conception antérieure, pourrait elle aussi faire l’objet d’une restructuration sous forme de « résidentialisation ». Partant du constat de l’absence de concertation entre la Ville et la population résidant dans ces quartiers avant la présentation d’un projet, cette étude vise à prolonger les diagnostics habituellement formulés, en y intégrant les pratiques qui régissent le fonctionnement des espaces extérieurs de ce secteur en donnant aux acteurs du quartier, et plus particulièrement aux habitants, l’occasion de s’exprimer. En effet, tout réaménagement de ces espaces n’est pas sans conséquence sur la vie locale puisqu’il implique inévitablement un certain nombre de changements. L’un d’eux consisterait en la création de « véritables espaces publics ». Cela veut-il dire qu’ils ne le sont pas actuellement ? Comment peut-on alors les qualifier ? Et qu’est-ce que « l’espace public » ? La définition physique du cadre et de la composition des espaces non bâtis de la Cité met en avant le morcellement spatial de ceux-ci et la difficulté relative à leur qualification. Sans affectation particulière, dégradés et non aménagés, ils s’apparentent parfois à des « vides » entre les immeubles disposés librement sur un terrain dépourvu de parcellaire. Pourtant ces espaces sont quotidiennement utilisés par les habitants (espaces de loisirs, de repos, de jeux…). L’exposé de leurs pratiques démontre la complexité relative au fonctionnement de ces espaces, espaces qui sont vraisemblablement aussi le reflet et l’expression d’une vie sociale propre à ce quartier. Enfin, les attentes de la population concernant l’avenir du quartier (espaces mieux aménagés, création d’un espace couvert de rencontre…) sont mises en regard avec les concepts de résidentialisation et de renouvellement urbain. Si les souhaits de la population correspondent dans l’ensemble aux pratiques des résidents, il n’en reste pas moins que la création de nouveaux espaces privatifs ne fait de loin pas l’unanimité. Il apparaît ainsi que pour faire l’objet d’un consensus, un projet d’aménagement, ne peut être que le fruit d’une concertation soutenue entre les habitants, les techniciens et les politiques, afin que toute réalisation soit acceptée et approuvée par une large majorité des acteurs présents