Guillaume Le Clerc, Fergus : La méprise du jeune chevalier Fergus

Nord de la France (Cambrai ?), vers 1285 Parchemin, 524 f., 265 x 185 mm Provenance : Mazarin ; entré à la Bibliothèque du roi en 1668Plusieurs fois édité, objet de nombreuses études, Fergus , dont le dernier éditeur place la composition au début du XIII e siècle, n'a pas encore livré tous ses mystères. L'identité de son auteur, Guillaume Le Clerc, échappe à l'investigation, bien que certaines particularités linguistiques le situent vers le Nord de la France. S'il mentionne Tristan et subit l'influence des romans de Chrétien de Troyes, les circonstances qui ont entouré la naissance de l'œuvre sont incertaines. Le cadre des aventures du héros, l'Ecosse, a servi de base à une hypothèse séduisante : le patron de Guillaume serait Alan, Lord of Galloway, arrière-petit-fils de Fergus of Galloway - ou encore son gendre John de Bailliol - et le roman serait le témoignage de ses revendications au trône d'Écosse, mais cette théorie reste controversée. Il est également difficile de mesurer la notoriété du texte : conservé dans deux recueils du XIII e siècle (Chantilly, musée Condé, 472 et celui-ci), il fut également adapté en moyen néerlandais. Le BnF, fr. 1553 est un célèbre recueil de textes variés - plus d'une cinquantaine, certains inconnus par ailleurs - dont la copie est divisée en plusieurs unités, le texte de Guillaume faisant partie de la dernière. Sa datation s'appuie sur deux indices internes : le Roman de la Violette s'achève par un colophon de 1284-1285 et l'éloge de Engerran vesque de Cambrai ki fu ne peut être antérieur à la mort de celui-ci, en 1285. Son origine peut se déduire de la langue utilisée, le picard, et de la comparaison stylistique avec des manuscrits du Nord de la France, présomption que renforce l'abondance relative de textes en relation avec cette région, tout particulièrement avec Cambrai. Le poème de Guillaume Le Clerc est le seul texte "arthurien" du manuscrit. Si les exploits du héros sont semblables à ceux de tout bon chevalier, on relève quelques traits plus originaux : l'origine sociale de Fergus, fils d'un paysan aisé mais dont la mère paraît d'extraction plus élevée ; la description de l'équipement suranné du jeune homme, ou sa méprise devant une statue qu'il prend pour un être vivant, un épisode qui provoque le sourire et non la moquerie. L'équilibre et la finesse sont en effet les caractéristiques principales du style de Guillaume.059téléchargeabl