Tête de la Victoire sans ailes [...]

Album Athènes aux XV e , XVI e et XVII e siècles, par le te de Laborde Paris, J. Renouard, 1854. 2 volumes, 276 - 392 p. - [9] - [13] f. de pl. 22 illustrations hors-texte (comprenant lithographies et gravures), dont 2 photographies, l'une de Delessert (t. I, p. 157), l'autre attribuée à Laborde (t. II, p. 228) : épreuves sur papier salé d'après négatif sur verre au collodion, environ 18 x 13 cm Demi-reliure en veau olive, dos frappé au chiffre couronné de Napoléon III Attribution de la bibliothèque du Louvre à la bibliothèque du palais de Fontainebleau (5 mai 1855, n° 23 ; enregistré 22 mars 1855, 23) ; ancien I 482 (2)Dans son livre sur Athènes, le comte Léon de Laborde publiait deux documents exceptionnels. On pouvait voir une tête antique en marbre trouvée dans une cave de la Bibliothèque impériale en juillet 1846 par Lenormant, conservateur du Cabinet des antiques, arrivée là sans doute lors des spoliations de 1793. S'agissait-il de la tête féminine de Phidias que l'archéologue Carrey avait prélevée au tympan du Parthénon et que Nointel, ambassadeur de France à la Porte, avait rapportée ? L'attribution était contestée. En guise de preuve, Laborde publiait "une photographie excellente que M. B. Delessert [avait] bien voulu faire d'après le plâtre, dans l'attitude même du dessin de Carrey". Plus loin, on trouvait de même une photographie d'une tête de Victoire aptère, selon Laborde celle qui avait été détachée du fronton du Parthénon par ordre de Morosini en 1688 et rapportée à Venise par son secrétaire San Gallo. Laborde ne jugeait pas utile de décrire la pièce, car il avait pensé "qu'aux yeux des vrais connaisseurs une bonne photographie vaudrait mieux que toutes les écritures". La reproduction du dessin de la tête de la Victoire faite au moment de sa redécouverte attestait la ressemblance. Cette fois, il faut croire que la photographie n'avait pas été faite d'après le plâtre puisque la sculpture appartenait à l'auteur ! Était-il lui-même le photographe ? Léon de Laborde, conservateur au Louvre, membre de l'Institut, membre fondateur de la Société héliographique, était une personnalité centrale de la politique de diffusion des arts et des sciences par la photographie. En 1850, il avait proposé un inventaire général photographique de toutes les collections publiques et, au sein de la Société héliographique, s'était penché sur l'amélioration des papiers photographiques et sur la fondation d'une imprimerie photographique. Dans son rapport sur l'Exposition universelle de 1851, les Quelques idées sur la direction des arts et sur le maintien de goût du public légitimaient le patronage de l'État sur les beaux-arts et fondaient une politique artistique qui, s'étendant à toute la vie de la cité, ne séparerait plus l'art de l'industrie. C'était la réponse que donnaient les arts à la révolution démocratique, une réponse comprise de Napoléon III. Plus tard, toujours occupé des problèmes de diffusion, il ferait partie de la commission chargée de l'attribution du prix du duc de Luynes pour le meilleur procédé d'impression photomécanique. Dès 1849, il avait pris des leçons de photographie chez Gustave Le Gray en compagnie de membres de sa famille, Édouard et Benjamin Delessert. Benjamin, quant à lui, avait mis en œuvre un des tout premiers projets de diffusion photographique de l'art : depuis 1853, il illustrait de calotypes sa Notice sur la vie de Marc Antoine Raimondi, graveur bolonais, accompagnée de reproductions photographiques de quelques-unes de ses estampes . Les photographies de l'Athènes de Laborde sont un rare témoignage de la pratique photographique du comte. Avec celles de Talbot et de Bayard, avec les quelques exemples de l' Album photographique de l'artiste et de l'amateur ou des Mélanges photographiques de Blanquart-Évrard, elles sont à classer parmi les incunables de la reproduction de sculptures en photographie