Hugues de Fouilloy, De avibus : De la nature de l’aigle

Dernier quart du XII e siècleJeunesse de l’aigle, renouveau de l’âme. Le nom de l'aigle ( aquila ), vient de sa vue perçante ( acumen ). Il a, dit-on, une telle vue que, quant il plane l'aile immobile au-dessus de la mer, invisible aux regards humains, il voit d'une si grande hauteur nager les petits poissons et, descendant comme un trait, il saisit sa proie et l'entraîne au rivage d'un coup d'aile. On dit que, même en face des rayons du soleil, il ne détourne pas son regard. […] Toujours concernant l'aigle il est dit : Ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle (Ps. CII, 5). On a l'habitude de dire à propos de l'aigle que, lorsqu'il est écrasé par le poids des ans, son bec se recourbe, de sorte qu'il n'est plus capable de manger, et s'affaiblit à cause de sa maigreur. Se posant en haut d'un rocher, il aiguise son bec, peut ainsi à nouveau se nourrir, et retrouve sa jeunesse. Le rocher est le Christ, l'aigle l’homme juste qui aiguise son bec sur le rocher lorsqu’il se conforme au Christ par ses bonnes actions