André Malraux

« Parmi les existences curieuses, il en est une que j’écrirai peut-être assez bien, et c’est la mienne, mais étant donné le titre de votre collection (« La vie des hommes illustres »), ce serait peut-être prématuré ! », écrit André Malraux – aventureux courtier en œuvres d’art, éditeur de livres de luxe et directeur de journal en Indochine avant d’être un écrivain salué par ses pairs – à Gaston Gallimard, quelques mois avant que celui-ci ne le recrute comme directeur artistique en octobre 1928. Même si ses premiers livres sont publiés chez Grasset, Malraux, contributeur de La NRF depuis 1922, est parrainé dans la vie littéraire par son grand ami Marcel Arland et par Jean Paulhan. Engagé dans le combat antifasciste, il donne à Gallimard La Condition humaine , prix Goncourt 1933. De 1928 à 1938, Malraux déploiera une activité éditoriale considérable à la NRF comme lecteur et éditeur salarié et y restera étroitement lié après-guerre avec ses collections sur l’art (« Galerie de la Pléiade », « Univers des formes »). Séduits, les Gallimard créeront avec et pour lui la Galerie de la NRF en décembre 1930 pour exposer et commercialiser les œuvres d’art qu’il rapportera d’Orient. Il y a chez Malraux une articulation très fine entre sa théorie de l’art et de la littérature, assise sur l’idée de métamorphose, et sa mise en œuvre éditoriale, l’une et l’autre s’enrichissant mutuellement. Ainsi Malraux veille-t-il scrupuleusement à la conception graphique de ses ouvrages dont les illustrations mettent en valeur sa méthode comparatiste. À ses côtés, ses deux fidèles complices : le graphiste touche-à-tout Roger Parry et l’incorruptible Albert Beuret. Une agence photographique est créée, la Photothèque, qui se lance dans une manière d’inventaire général des richesses artistiques mondiales. Le succès sera au rendez-vous, avec des volumes aussi mémorables que Sumer et Assur . En savoir plus Gallimar